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04/10/2020

LES LIEUX DE VIE INVENTEURS D'UN QUOTIDIEN

La particularité d'un LVA, ce qui le différencie d'un assistant familial qui lui aussi partage son quotidien, c'est son indépendance, son autonomie de gestion. Quel est la nature du lien commun à tous les habitants d'un LVA ? Ce lien n'est pas familial, il serait illusoire et même dangereux de le croire ou de le laisser croire, qualifions le de tribal ou clanique au sens de groupe social et culturel. Au sein de la tribu les règles sont communes à tous, les permanents sont les guides, l'autorité, les garants du respect de la règle commune. La notion de tribu s'oppose à celles d'étranger et de dispersion, elle implique une forme d'unité sans toucher ou remettre en cause la famille, difficile exercice d'équilibriste...

Qui ou plutôt que sont les travailleurs sociaux, quelle est leur mission ?

« Le travail social est une activité visant à aider à l’adaptation réciproque des individus et de leur milieu social, cet objectif est atteint par l’utilisation de techniques et de méthodes destinées à permettre aux individus, aux groupes, aux collectivités de faire face à leurs besoins, de résoudre les problèmes que pose leur adaptation à une société en évolution, grâce à une action coopérative, d’améliorer les conditions économiques et sociales. » C'est ainsi que les Nations Unies définissaient le travail social en 1959.
En France, le Conseil supérieur français du travail social propose une définition qui repose sur les finalités de ce dernier : « Retisser des liens entre individus et groupes sociaux qui, pour des raisons diverses, se situent en dessous ou en dehors des normes de la collectivité de référence » (cité par Guelamine, 2001, p. 11). On retrouve le même accent mis sur les objectifs dans la définition proposée par le Conseil économique et social : le travail social « a pour vocation première d’aider à ce qu’une personne, une famille ou un groupe de personnes ait accès aux droits que la société lui confère, et crée ou recrée des liens sociaux » (Igas, 2006, p. 18).
Aucune de ces définitions ne mentionne les moyens pour parvenir à atteindre l'objectif, on préfère parler de techniques et de méthodes. Les travailleurs sociaux seraient donc les « réparateurs », les « super bricoleurs » qui vont permettre à des personnes « hors normes » de de trouver leur place dans une société normée en lui donnant « accès aux droits » et en « créant du lien ». La définition des Nations Unies va elle plus loin, elle parle « d'adaptation réciproque » ce qui sous tend l'idée de changement social par « une action coopérative ».... On en est loin. En fait il s'agit de rendre les individus concernés par le travail social adaptables aux normes sociales en cours.
Une norme sociale réfère à une façon de faire ou d'agir, une règle de conduite tacite ou écrite, qui a prévalence dans une société ou un groupe social donné. Elle est légitimée par des habitudes, des valeurs, des croyances partagées au sein d'un collectif donné, ainsi que par le contrôle social exercé. Le travail social in fine consiste donc à favoriser la "cohésion sociale" sans qu'il y ait nécessairement la volonté de lutter contre les inégalités mais plutôt de pacifier les rapports sociaux dans le modèle social existant.

L'innovation est elle nécessaire ?

La réponse est dans la question. Celle-ci se pose car les structures existantes, les pratiques qui y ont court, les modalités d’exercice professionnel ne sont pas complètement adaptées à l’objet et aux objectifs qui sont les leurs.

Il est difficile d'admettre notre impuissance collective à vouloir pour l'autre. La décision de l'intervention sociale a été prise « pour le bien de l'usager » mais si celui ci considère que ce qui est bien pour lui est ailleurs, alors, on aura beau dire et beau faire, innover, inventer de nouvelles formes de prise en charge, d'accompagnement, dépenser des fortunes, rien ne fonctionnera. S'acharner à vouloir pour l'autre c'est simplement oublier qu'il est sujet, c'est se croire tout puissant. C'est aussi justifier notre utilité donc notre existence.
Le bien d’autrui, y compris celui d'un enfant, est un projet qui implique le consentement du destinataire. L’accomplissement de soi, la guérison, l’amélioration de situations personnelles et familiales douloureuses, nécessitent l'implication centrale du sujet concerné. La question est donc comment obtenir cette « adhésion » du sujet concerné ? Il semble que l'un des éléments clef de cette adhésion se situe au niveau de la confiance que le dit sujet accorde ou non à celui ou ceux qui prétendent l'aider. Comment faire confiance à quelqu'un qui « fait ses heures » et vous accompagne donc dans sa temporalité professionnelle qui ne correspond pas forcément à la votre?

Ou se situent les Lieux de Vie ?

La profession peut être classé en trois grandes familles, selon Élisabeth Maurel (2000) :
les métiers de la présence sociale : les métiers d’accueil liés à des équipements sociaux, les métiers de rue (par exemple, la médiation avec les habitants d’un quartier) ;
les métiers de l’organisation sociale, c’est-à-dire tous ceux caractérisés par l’absence d’intervention opérationnelle directe ou de relation individuelle d’aide à un public d’usagers ;
les métiers d’intervention directe : en lien direct avec l’usager, avec un objectif de transformation de la situation et de résolution des problèmes.
Les Lieux de Vie et d'Accueil (LVA) se situent dans la troisième catégorie.
La loi dit :
Art. D. 316-1. – I. – Un lieu de vie et d’accueil, au sens du III de l’article L 312-1 vise par un accompagnement continu et quotidien, à favoriser l’insertion sociale des personnes accueillies. Il constitue le milieu de vie habituel et commun des personnes accueillies et des permanents mentionnés au III dont l’un au moins réside sur le site où il est implanté.
A l’égard des mineurs qui lui sont confiés, le lieu de vie et d’accueil exerce également une mission d’éducation, de protection et de surveillance.
II. – Le lieu de vie et d’accueil est géré par une personne physique ou morale autorisée à accueillir au moins
trois et au plus sept personnes, majeures ou mineures, relevant des catégories énumérées au I de l’article
D.316-2, afin notamment de favoriser leur insertion sociale.

Les sujets en difficultés sont avant tout des être sociaux et n’existent pas uniquement par leurs symptômes et leurs syndromes, ils sont avant tout sujet de la communauté des hommes dans laquelle nous avons tous plus de points communs que de points différents au-delà de nos cultures, de nos rites et de nos mythes, même si comme il me plaît de le dire, nous vivons tous sur la même planète mais pas forcément dans le même monde..
Loin d’être des structures fourre-tout, les lieux de vie et d’accueil répondent à une philosophie qui leur est propre, celle d’un projet indépendant construit et porté par une ou plusieurs personnes, investies personnellement, au quotidien, dans l’accompagnement des personnes accueillies.

La façon de vivre en LVA s’oppose aux «contraintes techniques» des institutions classiques où les exigences de sécurité, les avantages acquis des salariés, ou simplement la routine institutionnelle ne pouvaient faire face (et ne le peuvent toujours pas à ce jour) aux attentes de nombreuses personnes en souffrance. La disponibilité des permanents et leur inventivité, impliquant des prises de risque est un de leurs atouts et, paradoxalement un reproche qui leur est parfois fait.
A la fois proches et éloignés des autres structures d’accueil existantes, les LVA se différencient par le savoir faire, savoir être et savoir vivre des permanents du lieu de vie avec les personnes qu’elles accueillent. Un lieu de vie et d'accueil c'est avant tout un espace de relation. Dans les écrits concernant la protection de l'enfance on emploie un vocabulaire professionnel précis, ciselé, clinique. Il est question de prise en charge éducative ou thérapeutique, d'accompagnement. On parle des supports culturels, matériels, sociaux, de médiation animale. On aborde les questions du lien et de l'attachement que depuis peu de temps.

En quoi les LVA sont ils innovants ?

Souvent définis comme une alternative à la prise en charge traditionnelle, les lieux de vie tiennent leurs spécificités du fait qu’ils ne se sont pas créés en réponse à une commande institutionnelle – bien qu’ils puissent répondre parfois à l’absence de réponse institutionnelle – mais qu’ils sont le reflet d’un projet construit et porté par une personne ou plus : le(s) permanent(s) du lieu de vie et d’accueil.
En ce sens, les lieux de vie et d’accueil ne sont pas des structures modélisables, mais des lieux d’accueil uniques et singuliers.

Ce que nous disent les jeunes, ce qu'ils repèrent très rapidement après être arrivés dans un LVA c'est la permanence de l'attention. Ils en font une différence majeure avec ce qu'ils ont connu jusque là que ce soit en famille ou en institution. C'est cette permanence, cet engagement qui font la plus-value de nos LVA cette continuité de l'accompagnement qui permet l'attachement et la reconstruction de l'individu pour ensuite l'amener vers la résilience.

La première forme d'innovation d'un LVA, et sans doute pas la moindre, se situe dans le rapport qu'ont les permanents au travail. Un lieu de vie et d'accueil amène les permanents à « Vivre avec » les personnes qu'ils accueillent sur leur lieu d'habitation. A l'opposé d'un établissement qui sépare la vie de l'éducateur en deux temps, l'un professionnel, l'autre privé ; le lieu de vie imbrique les deux intimement. Pas de RTT, pas de récup pour transfert, pas de 35 heures, pas de convention 66, une disponibilité constante.
Un désir de vivre autrement, de n'être pas des individus morcelés, de ne pas subir les césures travail-vie privée, travail-convictions. Il s'agit de changer de méthode de travail, d'organiser la vie différemment.
On peut dire que la première innovation des LVA se situe dans l'engagement plein et au quotidien au coté des accueillis. Projet professionnel, projet personnel, l'imbrication des deux est tellement permanente qu'il ne peut s'agir que d'un engagement profond des personnes dans leur globalité.

Cette identité propre aux lieux de vie et d'accueil est constituée d'un mélange d'intime et de collectif, de privé et de professionnel. Au delà des objets, des choses qui font qu'un habitat se donne à voir, il y a les personnes qui animent cet habitat. Les personnes qui habitent un lieu lui donnent vie, le dotent d'une âme.

La particularité d'un LVA, ce qui le différencie d'un assistant familial qui lui aussi partage son quotidien, c'est son indépendance, son autonomie de gestion. Quel est la nature du lien commun à tous les habitants d'un LVA ? Ce lien n'est pas familial, il serait illusoire et même dangereux de le croire ou de le laisser croire, qualifions le de tribal ou clanique au sens de groupe social et culturel. Au sein de la tribu les règles sont communes à tous, les permanents sont les guides, l'autorité, les garants du respect de la règle commune. La notion de tribu s'oppose à celles d'étranger et de dispersion, elle implique une forme d'unité sans toucher ou remettre en cause la famille, difficile exercice d'équilibriste.

Dès que l’on vit à plusieurs, il est essentiel d’établir des règles de vie d’autant plus lorsque vous vivez avec des enfants car les règles contribuent à leur donner un cadre qui favorise leur bon développement et d’éviter les angoisses. Au sein de la famille,  les règles sont en principe intériorisées, elles vont de soi, elles sont légitimes.

Au sein du LVA les règles ne vont pas de soi, leur intégration n'est pas spontanée. Elles  doivent être écrites, non pas pour empêcher la transgression mais pour qu'à toute occasion, on puisse y faire référence. Les règles doivent surtout être communiquées,  et explicitées aux enfants (tous les enfants). Il est en effet important de leur expliquer le sens de la règle pour qu’ils comprennent que cela n’est pas juste une contrainte mais une clé pour rendre possible le vivre ensemble. L’éducation des enfants doit passer par des règles relatives à l’heure du coucher, à l’hygiène, au respect des autres et à la politesse. 

Certaines règles sont communes à toute la maisonnée (participer aux tâches ménagères, respecter les autres…) et d’autres, liées au devoir d'adulte nous incombent particulièrement : veiller à l’hygiène ou à la santé des plus jeunes...

Vivre avec, c'est partager un temps, c'est aussi partager un espace et ce qu'il contient. Quand un jeune arrive, il entre dans un lieu étranger, qui raconte une histoire , les traces (objets, mobilier, couleurs …) ne sont pas les siennes, au fil du temps, il y mettra les siennes : réalisations personnelles, photographies, décoration, objets achetés. C'est ainsi que le lieu prend une identité particulière, différente de celle d'un établissement ou rien n'appartient à personne et de celle d'une famille d'accueil ou tout appartient aux accueillants.
Il peut paraître curieux de consacrer un paragraphe au temps alors que le sujet est l'innovation. Pourtant, le temps est bien un facteur majeur de notre activité, le temps qu'il faut à un jeune pour prendre ses marques, le temps qu'il va passer dans le LVA, le temps dont il dispose pour trouver sa voie, le temps gâché ou douloureux…Mais aussi, pour nous, le temps social, le temps partagé, le temps privé, le temps qui nous est imparti pour trouver une solution, le temps de l'urgence et surtout le manque de temps...
La liste précédente n'est pas exhaustive et nous pourrions disserter à loisir sur le rôle du temps dans un lieu de vie. Les institutions qui nous confient des jeunes nous disent souvent " il (elle) a besoin de temps, il lui faudra du temps… " cependant comment pourrions nous nous soustraire totalement au temps social, au rythme ordinaire de la vie ?
Au mieux pouvons nous aménager ce temps, négocier des allègements de contraintes de temps, mais à la fin des prises en charge, le jeune devra s'assumer et donc faire avec le temps social et ses impératifs.
Nous sommes à une sorte de charnière de temps où nous tentons d'adapter l'utilisation du temps aux particularités de chacun en essayant toutefois d'amener vers une temporalité socialement acceptable (rythme travail-repos, sommeil-veille, jour-nuit…). Ainsi, sur un même lieu et dans même temps se vivent différentes réalités de temps entre des jeunes scolarisés (tant bien que mal), des jeunes en formation, et d'autres sans lien social régulier. Ainsi, nous situons nous par rapport aux différentes échelles de temps à la fois de manière générale, comme tout autre acteur, et de manière spécifique liée à notre fonction de lieu de vie et d'accueil.

Enfin le temps c'est aussi celui d'après la prise en charge, celui ou parfois le LVA continue d'accompagner quand l'ASE a cessé de le faire, celui ou un « ancien » téléphone pour demander conseil ou annoncer une nouvelle importante (bonne ou mauvaise), celui ou un autre revient en visite ou passer un moment...

Les LVA sont ils encore innovants ?

Longtemps dans un flou juridique qui convenait à leurs fondements militants (au temps de leur émergence dans les années 1970), la loi de 2002-2, et son décret d’application spécifique en décembre 2004 voit les lieux de vie rentrer de plein droit dans le dispositif de l’action médico-sociale. Les LVA sont entrés dans l’arsenal des réponses reconnues notamment à destination des jeunes protégés. Ils sont aussi soumis à une redéfinition. L'entrée dans la loi devait permettre de fournir un cadre protecteur aux LVA . Cette officialisation de leur existence a ses effets pervers. Désormais, le permanent de lieu de vie doit  mettre en place les outils de la loi : projet de service ou d’établissement, livret d’accueil, évaluation interne/externe… La demande de reconnaissance de la spécificité de leur accompagnement a donc conduit finalement à une certaine normalisation des LVA (Letourneux, 2005), tout en leur ménageant une place à part.

Traduire, retranscrire et encadrer des pratiques dans une loi est une affaire compliquée, un exercice difficile, particulièrement lorsqu'il s'agit d'activités professionnelles impliquant un fort engagement personnel (au delà du « métier ») des dits professionnels envers d'autres personnes qui leurs sont confiées. La tache devient encore plus ardue face à l'hétérogénéité des formes que revêt l'activité en question. Ce que la loi doit permettre, c'est de poser un cadre, qui tout en respectant les diversités qui constituent l’intérêt de ces solutions « cousues main », empêche que l'esprit d'engagement, d'innovation et la capacité de « bricolage », d'adaptabilité qui sont nos caractéristiques et font l’intérêt des lieux de vie et d'accueil ne disparaissent au profit d'une transformation progressive des LVA en mini institutions. Nos LVA perdraient alors tout leur intérêt.

Comment une innovation pourrait-elle ne pas se faire peu ou prou «récupérer» ? Ceci ne représente pas pour autant un ratage ni un échec ! Bien au contraire on peut y voir la marque de son efficience. Toute innovation a par définition vocation a être institutionnalisée. A le savoir, on peut se dispenser de rêver de ne je sais quelle béatitude paradisiaque, on aurait trouvé le Graal...
La présence des lieux d’accueil ressentie par certains départements comme une écharde est par contre appréciée dans d’autres comme un bienfait pour nombre de situations institutionnelles, insolubles autrement !
Certains départements suscitent ou impulsent par le biais de « grosses écuries » de la protection de l'enfance des création de LVA pour répondre à un besoin souvent urgent (généralement caser les « incasables ») à moindre coût, un LVA est toujours moins cher qu'une MECS. On retrouve alors immanquablement, quelques années après leurs créations, ce type de structures que je me refuse à appeler LVA  aux prud'hommes. Autre type de situation, après avoir autorisé une structure (souvent pour satisfaire un besoin urgent de place), le département contacte la FNLV en se plaignant que ce ne serait pas un LVA : beaucoup de rotation de personnel, personne ne réside sur place... Qu'y pouvons nous ? Nous n'avons pas été consultés. Effets pervers avez vous dit ?

Les innovations sont à retravailler sans cesse, leurs contradictions sont autant de conditions d’existence ; il faut qu’elles s’installent pour pouvoir donner tout ce dont elles capables, et en s’installant les innovations cessent progressivement et inéluctablement d’être innovantes. Il faudrait alors inventer autre chose…
Cette autre chose n’est pas forcément un nouveau dispositif. L’innovation peut être le fait de questionner les pratiques en place, d’en interroger les présupposés et les visées, de ne pas les tenir pour évidentes. Ce n’est pas de rafistolage dont il s’agit, mais de passage du vécu au su, de prise de distance.
Que ou qui sommes nous ? Que faisons nous ? Comment le faisons nous ? Pourquoi le faisons nous de cette façon ? Avec quels résultats ?

Nous sommes aujourd'hui, il faut bien l'admettre, un ensemble hétérogène et clivé composé en grande partie d'individualités à fortes personnalités (heureusement) peu enclines au compromis ce qui rend compliqué toute négociation à la fois entre nous et avec les partenaires institutionnels. Peu de choses apparemment communes entre un LVA composé d'un couple accueillant au fonctionnement familial ou tout le monde vit sous le même toit 24h/24 et un LVA avec deux permanents et quelques assistants permanents et parfois des intervenants extérieurs ponctuels au fonctionnement nécessairement plus structuré et au « vivre avec » souvent plus distancié. Pourtant nous sommes tous des LVA, les autorités de tutelle nous ont définis ainsi. Notre hétérogénéité est un fait, le nier et nier les différences serait à mon sens une grave erreur, d'autant que ces différences peuvent être, selon ce que nous en faisons, une richesse. Nous ne sommes pas tous pareils, acceptons le, acceptons nous en nous connaissant mieux.

Ce qui nous est commun, du moins je l'espère, est « d’être des structures où le travail de lien, d’empathie, d’affect est mis en avant : ce que nous appelons le « vivre avec » qu'il conviendrait de redéfinir ou plutôt de préciser tant les formes qu'il prend sont variées.
Les LVA sont des structures ou l’émotionnel prime sur l’institutionnel ou la permanence de l'attention est un caractère majeur. C'est par la continuité de l'accompagnement que se mettent en place des liens d'attachement qui favorisent la reconstruction de l'individu pour ensuite l'amener vers la résilience.

C'est dans cet esprit, sur la base de ces interrogations que nous avons sollicité une étude indépendante sur les LVA . Réalisée par l'APEX son titre est « Les Lieux de vie et d’accueil (LVA). Interroger les marges de l’accueil en protection de l’enfance ». L'étude est achevée elle sera rendue publique après validation par l'ONPE qui en est cofinanceur avec deux départements : la Loire Atlantique et la Gironde et bien entendu la FNLV.
Enfin pour terminer sur une note plus pratico pratique et néanmoins poétique je citerai une collègue :
« Un Lieu de Vie et d'Accueil, c'était déjà un bateau naviguant entre pas mal d'écueils, inventant de nouvelles routes, de nouveaux repères.  Luttant contre vents et marées, imprévus, brutaux, étonnants, on s'adapte. En permanence.  Notre permanence est là: dans cette vigilance, cette adaptation continuelle à des paysages qui changent.
Rien ne change, tout se modifie en profondeur.
Sur le Lieu de Vie et d'Accueil, il y a plus de 10 ans, nous avions inventé à l'arrache (privilège des lieux de vie et d'accueil: réparer en bricolant à l'arrache...) une règle pour un jeune garçon qui nous arrivait de l’hôpital psychiatrique: 
"Ici les cauchemars sont interdits - on a mis des pièges, des attrape-cauchemars, ici tu vas dormir la nuit". 
Le petit garçon avait écouté (sans doute la seule chose qu'il ait écoutée). Et avait dormi, le temps de son séjour. »
Muriel Colas, permanente du LVA L'Hirondelle Brévinoise / Avril 2020

Christian Borie
Président de la FNLV