Pris en otage entre les départements et le ministère.
Pris en otage entre les départements et le ministère.
La FNLV perçoit par le biais de ses adhérents, depuis le début de l’année, des signes inquiétants dans les services des départements qui contredisent la vision nationale de la protection de l’enfance.
Au début de l’été pour exemple, une note du Conseil Départemental de Loire Atlantique a demandé aux lieux de vie de privilégier les études courtes pour les jeunes majeurs et préconise de les transférer le plus vite possible dans le milieu ordinaire, donc arrêter la prise en charge. Qu’en est-il de l’application de la loi Taquet ? Les jeunes « placés » n’ont plus le droit de faire des études longues ? Ce même département qui refuse durant la même période la demande d’accroissement d’effectif d’un LVA au prétexte qu’un appartement pour un jeune ne correspond plus aux moyens de l’ASE. Un autre exemple dans les Deux Sèvres, le CD envoi à un LVA un nouvel arrêté limitant temporairement son effectif afin d’être certain que la prochaine place lui soit réservée… Le département de la Gironde qui impose de force le système comptable des ESSMS aux LVA alors que ceux-ci bénéficient d’un cadre de tarification particulier. Voilà ce que j’entends dans nombre de départements, la loi n’est plus respectée.
Cela souligne un paradoxe fort. On exprime de toute part le manque de place et de personnel dans l’ensemble de la protection de l’enfance. On connaît bien sûr aussi la détresse financière des départements. Mais les lieux de vie n’étant pas dans les schémas départementaux de la protection de l’enfance, pourraient être utilisés pour ramener un peu de souplesse et de place. Mais on continue de refuser des autorisations et l’augmentation de place, au prétexte d’un manque de trésorerie. Les départements ne payent que les places qu’ils utilisent, pas plus.
Même chose pour la négociation des prix de journée ; combien de départements ne cherchent même pas à s’intéresser au projet du LVA et donc du profil des jeunes et bloquent le prix de journée à 167 euros, le soi-disant plafond des 14.5 SMIC, de ce décret de tarification pour lequel personne n’est capable de dire s’il est abrogé totalement ou pas. On ne devrait pas parler des prix de journée sans parler de la nature des besoins des jeunes concernés et du projet d’établissement. C’est scandaleux et révoltant. Les départements vous font des courbettes pour « placer » leurs jeunes, et vous méprisent lorsqu’il s’agit de définir votre prix de journée ou votre nombre de place.
Nous souhaiterions améliorer les rapports compliqués entre les lieux de vie et les départements mais l’Assemblé des Départements de France ne répond pas à nos sollicitations. Comment garantir la bonne application des lois par les départements qui agissent trop souvent dans la toute-puissance ?
Les ministres ? Ils se succèdent à une vitesse folle, nous envoient un conseiller et disparaissent dans les turpitudes électorales. Curieusement, cette situation est le miroir de la réalité des enfants pris en charge à l’ASE, à qui on impose trop des changements de référents voire une absence. Ils finissent par ne plus raconter leur histoire et ne plus croire au système.
Nous souhaiterions donc pouvoir travailler de concert avec le ministère et l’Assemblée des Départements de France. Pourrions-nous sortir de sentiment d’urgence permanente et prendre le temps de réfléchir, de se parler ? Y aura-t-il un ministre, un Président de département qui prendra ce temps pour arrêter de nous faire subir ses situations ? Nous ne faisons pas parties des établissements non autorisés et possédons un cadre qui doit être respecté. Le créneau de la FNLV reste la bonne application du cadre par tous et pour tous. C’est d’ailleurs ce que nous tentons d’apprendre aux jeunes…