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06/11/2020

Une étude de l'APEX : "Les LVA Interroger les marges de l’accueil en protection de l’enfance"

Cette étude est accessible à nos adhérents en intranet, pour toute personne intéressée non adhérente nous en faire la demande. Ci dessous la conclusion synthétique de ce travail;

Cette recherche démontre combien les LVA ont une identité singulière dans l’articulation du privé et
du public. Il est moins question d’être en dehors ou contre le système, comme s’en revendiquaient les
fondateurs, que sur ses bordures intérieures. Les LVA ne sont pas en dehors du système, mais
s’inscrivent dans ses espaces interstitiels. À cette place, ils questionnent l’écosystème avec lequel ils
sont en relation pour fonctionner. En étant ni une famille d’accueil, ni un établissement, en intriquant
réalisation de soi et poursuite d’une mission sociale, ils relient plusieurs formes d’action socioéducative
tout en en marquant les différences. Le principe d’autonomie vis-à-vis des instances
tutélaires est un trait saillant de tous les LVA enquêtés. Être maître de son projet, l’écrire, choisir
comment et avec qui travailler – adultes comme enfants – font partie des enjeux au coeur de
l’autonomie revendiquée.
L’identité des LVA repose aussi sur le mélange des relations affectives et de travail, non seulement
en travaillant chez soi et avec ses proches, ou avec des « semblables » professionnels, mais aussi en
s’autorisant la relation affective avec les enfants accueillis. S’ils réussissent à stabiliser l’accueil pour
des enfants qui ne trouvent pas leur place ailleurs, c’est aussi qu’ils fonctionnent sur des modes électifs
que ne peut se permettre l’institution. Les réflexions qui animent le groupe des LVA de l’intérieur visent
aussi à asseoir leur position dans ce système. En se redessinant à nouveau frais, ils participent de la
redéfinition de l’action institutionnelle. La pérennité de leur relative marginalité, qui repose sur une
autonomie puisque leur projet est autant professionnel que privé et personnel, est sans doute plus
utile à la protection de l’enfance comme système qu’il n’y paraît. Outre qu’elle permet à ces acteurs,
souvent issus de la société civile, de faire preuve de capacités d’expérimentation dans leurs réponses
aux besoins des enfants, elle leur permet aussi de tenir une fonction de « marginal sécant » : celle d’un
« acteur qui est partie prenante dans plusieurs systèmes d’action en relation les uns avec les autres et
qui peut, de ce fait, jouer un rôle indispensable d’intermédiaire et d’interprète entre des logiques
d’action différentes, voire contradictoires »2. Les expériences des LVA sont ainsi les interfaces qui
permettent de jouer sur les différents espaces institutionnels, pouvant conduire, au gré du
déplacement des problèmes publics, à plusieurs enseignements pour la protection de l’enfance.